C’est la loi-cadre du 11 février 2014 qui institue le système de LMD (Licence-Master-Doctorat) en RDC en son article 98. Cependant, la généralisation et l’application de ce système sont intervenues en 2022, dans le seul but d’adapter les offres de formation aux besoins fondamentaux et vitaux des Congolais. Ainsi, le LMD en RDC a été doté d’un cadre normatif qui lui fournit des outils nécessaires à son fonctionnement. Ce système de formation (LMD) vise cinq objectifs : 1. La réussite des étudiants ; 2. Un système de diplômes lisibles et comparables aux niveaux national et international ; 3. La mobilité internationale et nationale des étudiants, des enseignants et des chercheurs ; 4. La professionnalisation des offres des formations ; 5. La construction personnalisée des parcours de formation par les étudiants (apprenants).

Pour construire ses parcours de formation, l’apprenant a besoin d’accéder aux informations scientifiques,
aux supports et aux outils. Tout le problème – sur le document, la formation et l’information – se situe au niveau de la préférence ou la dominance orale de la population estudiantine et un léger encrage à la culture écrite dans le chef des apprenants, mais aussi dans celui des formateurs. Au lancement et à la généralisation du LMD en RDC, deux de ses leviers, – à savoir le support documentaire et l’autonomie des apprenants – n’ont été que secondairement préconisés. Comment alors asseoir le LMD si les apprenants ne sont ni autonomes ni créatifs ou s’il n’éprouvent nullement le besoin de compléter leur parcours académique par des recherches et de lectures d’information ? Avoir besoin d’information découle d’une stratégie, de l’éducation, d’un programme. Ce n’est nullement un fait inné. Il découle, par contre de l’éducation. Il faut des stratégies collectives pour planter dans les gênes des apprenants le besoin ou la soif de se ressourcer. Car dans ce nouveau système, les enseignants servent des guides aux apprenants qui construisent, eux mêmes, leurs parcours académiques.

Aussi, la précarité des moyens financiers, matériels et humains aggrave, sur le terrain, la situation. De nombreux établissements d’enseignement supérieur et universitaire ne disposent ni des espaces adéquats d’étude ni des bibliothèques (physiques et électroniques), encore moins du personnel qualifié dans le domaine de la documentation et des bibliothèques organisées et accessibles. Une bibliothèque, ce n’est pas un ensemble des ouvrages rassemblés, rangés dans un espace. C’est plutôt une modalité, une fonction et une relation créée et à établir entre les formateurs, les apprenants et l’univers informationnel. Lorsque dans la trame pédagogique, la modalité documentaire n’a pas été prévue, peu importe les bâtiments et les ouvrages rassemblés, personne ne s’adonnera à la lecture notamment. C’est ce qui explique que les lignes budgétaires prévues par les instructions et les textes officiels sont détournées et utilisées à d’autres besoins. Parce que la modalité documentaire dans la formation des étudiants manque, elle n’y est pas prévue. Personne n’en fait cas. Les formations dans le supérieur s’organisent sans soubassement documentaire. Les conséquences d’une telle situation (formation sans soubassement documentaire) font déjà l’objet des nombreuses études scientifiques.

Malgré tout, conscient de l’urgence et de la nécessité d’intégrer l’information (documentaire) dans la pédagogie universitaire, le Ministère de tutelle (minesu.gouv.cd) a conçu et mis en place le projet d’une bibliothèque numérique nationale (bnn.ac.cd). Sublime dans sa conception, le projet connaitra les contre-coups politiques avec le changement des acteurs, au ministère, et celui de ses porteurs. Sa mise en œuvre manquera d’efficacité et d’efficience. Les supports et les ressources y sont proposés avec moins de cohérence, de rigueur, sans la participation des établissements concernés directement par le projet. Une sorte d’entassement. Cette bibliothèque soulève de nombreux problèmes, notamment celui de la lecture, exercice difficile à inculquer aux citoyens dont le rapport à l’écrit reste chaotique. Depuis sa mise en œuvre du projet (en 2022), la bnn est restée méconnue et inutilisée, malgré les prélèvement des quotités, au prorata des effectifs des apprenants par établissement. La cellule technique en charge de la gestion des infrastructures informatiques et de la BNN au Ministère a jugé utile de procéder à la formation des responsables des unités documentaires, depuis 2024, avec notamment les équipes du Kongo Central. Les 4 provinces issues du démembrement du Katanga ont été touchées en janvier 2025, avec la formation organisée à l’Université de Lubumbashi, le lundi 20 et le mardi 21.

La session de formation de Lubumbashi a connu la participation des 6 formateurs dont trois de Kinshasa et 3 de Lubumbashi avec 4 modules :
- Présentation et paramétrages de la bibliothèque numérique nationale (bnn.ac.cd) : Clarisse Bokatshinde et Jeannette Mbuyi
- Place et imprtance de la documentation dans la formation en LMD : Germain Ngoie Tshibambe et Patty Kalay
- Numérisation de la gestion académique, financière et administratve : Narcisse Kalenga
- Possibilité de financement, d’ouverture sur l’international et consortium : Véronique Poverello

Les établissements privés et officiels – une cinquantaine – ont participé à cette formation. Ils sont venus principalement de Kamina (Haut-Lomami), de Kolwezi (Lualaba), de Likasi et de Lubumbashi (Haut-Katanga). La BNN a intéressé les participants à la formation et a soulevé, dans les échanges, plusieurs questions sur la qualité et la quantité des informations mises à disposition. Une certaine opinion a souhaité participer à l’alimentation de la BNN par les productions scientifiques, les thèses doctorales, les publications de la communauté universitaire, avec attention sur le droit d’auteur. Une autre opinion a réclamé la révision du formulaire d’inscription sur la BNN et d’y élaguer les champs ambiguës ou prêtant à confusion. Pour terminer, deux projets ont attiré l’attention des participants : la numérisation des productions scientifiques à charger sur la BNN et la construction d’un catalogue collectif (cataloguecollectif-rdc.cd) des bibliothèques et unités documentaires des établissements (privés et officiels) de la République Démocratique du Congo.
Pr Narcisse KALENGA
Nous avons eu l’honneur de participer à cette formation et cela a été d’une grande importance. A notre tour aussi d’initier les chercheurs à la Bnn.
Oui
Les théories toujours. A quand les autorités nous accompagnerons dans la pratique