LMD et bibliothèque universitaire en RDC

Dans le modèle de formation de LMD (Licence-Master-Doctorat) lancé et généralisé en RDC en 2022; c’est l’étudiant qui est au centre de l’action de formation de l’Université, l’enseignant servant de guide. Comment alors l’étudiant se repère-t-il dans ce nouvel environnement ? Il est dit que l’enseignant expose une leçon de manière à permettre à l’apprenant de construire ses propres connaissances et savoirs à partir des références et sources (documentaires) renseignées dans les notes de cours. L’apprenant peut travailler en bibliothèque comme il peut le faire sur le net ou sous forme de discussions avec ses pairs (ou avec ses enseignants). Pour le prévenir des dangers soit de trop trouver sans avoir la possibilité de juger les documents pertinents trouvés en réponse, soit de ne rien du tout trouver, de passer juste à coté des documents pertinents, parce qu’il ne sait pas mettre en œuvre la syntaxe et les équations de recherche ou par ignorance carrément de faire un bon usage des fichiers manuels disponibles dans les différentes bibliothèques (universitaires).

Lorsque le LMD est décrété sur toute l’étendue de la RDC, personne ne s’est préoccupé de l’état de lieu (indescriptible et inacceptable) des unités documentaires dans les universités et instituts supérieurs de l’ancien Katanga, par exemple. L’accent a été mis particulièrement sur l’architecture du LMD, ses avantages et son management, sans se soucier d’une autre architecture, celle de l’information, sa gestion et les outils donnant accès celle-ci. Pour le cas de l’ancien Katanga, aucune université, aucun institut supérieur ne dispose d’une bibliothèque viable bien organisée, avec un fond documentaire répondant aux besoins des filières organisées. Certains responsables des établissements d’enseignement supérieur et universitaire de Lubumbashi reconnaissent un fait non contestable : les enseignants et apprenants ont perdu la culture de se rendre et de travailler à la bibliothèque. Comment alors les enseignants construisent-ils leurs cours et mettent-ils à jour leurs connaissances ? Malgré l’absence et l’insuffisance des ouvrages dans le supérieur de l’ancien Katanga, le LMD va se mettre en marche.

Fondamentalement, il s’agit ici d’un problème de « besoin d’information » et de l’éducation à ce besoin. Dans l’ensemble, pour parler des Congolais, la majorité des enseignants et des apprenants restent attachés à la tradition orale. On se méfie trop de ce qui est écrit. On s’active à suivre une vidéo, une émission télévisée, un audio qu’à se plonger dans un livre. Les gens passent leur temps à parler, à écouter, à discuter. Ils se concentrent rarement sur l’exploration d’une idée contenue dans un ouvrage par exemple. La lecture fatigue, disent les uns. Les étudiants passent plus de temps à parler qu’à lire. Au cas où ils pouvaient lire, ils n’ont pas confiance dans leur compréhension du message. Dans ces conditions, comment l’enseignement peut-il faire exploser la technicité et la créativité dans le chef des apprenants ? Comme on peut le comprendre, le « fait de lire » est le résultat de l’éducation. On ne peut s’attendre à des miracles, et voir demain, par un coup de baguette magique, les gens courir derrière les livres. L’Occident a dû faire beaucoup d’efforts en éduquant les masses populaires à la culture du livre. Les résultats sont aujourd’hui visibles. C’est un chemin obligatoire sur lequel la RDC doit s’engager, celui de monter des programmes d’éducation des jeunes au besoin d’information. Sinon, la dégradation de la situation, par rapport à l’accès à l’information documentaire dans le supérieur, est pire qu’une pandémie (Covid-19). Si rien n’est fait, nous reproduirons le même modèle d’enseignement sans faire un bond vers l’innovation, vers le changement et le développement.